Montpellier et autour : 1 - le Polygone

Le Polygone vu de la dalle du Triangle - carte postale CIM année 1980 (collection personnelle)

Dans mes recherches sur mon quartier, je trouve parfois des documents hors sujet, mais qui me font découvrir des détails que j’ignore sur Montpellier. J’en partagerai quelques-uns dans cette nouvelle rubrique. Parmi ces petites pépites, j’ai acheté à un particulier une plaquette intitulée Montpellier 1970 qui présente certaines actions en cours ou en projet de la municipalité Delmas, comme le zoo de Lunaret, la ZUP de la Paillade et le Polygone. 



Ceux qui pensent que Georges Frêche et son équipe ont inventé l’art de grossir le trait pour faire valoir la ville seront obligés de reconnaître qu’il y a eu au moins un précédent. Jugez plutôt  : 

Emplacement du Polygone - plaquette Montpellier 1970


« D’ici quelques années, on viendra de toute l’Europe pour visiter le « Polygone » de Montpellier. L’attraction numéro un de la région ne sera peut-être plus la Grande-Motte ni les arènes de Nîmes, ni les grottes de Clamouse ou des Demoiselles, mais ce que l’on est déjà, actuellement, en train de construire au Polygone.

Vous croyez que c’est une blague ? Ce n’en est pas une. Lorsque dans la ville de France qui se développe le plus rapidement (expansion record au cours de ces cinq dernières années, et tout semble prouver que cette expansion continue), cette ville dispose, à trois cent mètres de la place centrale, d’un vaste terrain vierge d’une superficie égale à celle de la vieille ville, et dont elle peut pratiquement faire ce qu’elle veut. »

Photo aérienne montrant les terrains du futur Polygone à la fin des années 1960 - plaquette Montpellier 1970


Sur des terrains propriété de l’armée jusqu’à la Libération et qui étaient autrefois le Polygone du Génie, la ville installa d’abord la Foire de la Vigne et du Vin qui déménagea en 1967 sur le site de l’actuel parc des expositions. Le stade municipal est déclassé du fait de la construction du stade Richter. Le chemin de fer de Palavas s’arrête, hélas, en 1968. Voila donc 14 hectares sans affectation, et largement de quoi construire une voie d’accès à ce secteur sur l’ancienne emprise ferroviaire, l’actuelle avenue de la Liberté que je n’ai jamais entendu appeler autrement par les montpelliérains que comme « la voie rapide ». 

Plan du projet - plaquette Montpellier 1970


L’ambition de la municipalité est de « créer une véritable ville nouvelle qui ne remplacerait pas mais agrandirait le centre de Montpellier. » L’ensemble est dessiné par les architectes Jaumes et Desmons, la mairie (finalement revue à la baisse, la tour du bâtiment B n'a pas été construite) est réalisée par la ville elle-même, les immeubles administratifs (INSEE, DDE…) sont construits par la SERM, les opérations de promotion privées par la SOCRI, qui gère encore près d’un demi-siècle plus tard le centre commercial du Polygone, qui connaît actuellement sa deuxième refonte importante après celle des années 1990, faute d’avoir pu s’étendre sur l’ancien hôtel de ville. 

Maquette du projet - plaquette Montpellier 1970


Le centre commercial devait ouvrir en 1972, il prit dans les faits un peu de retard, comme c’est courant dans les projets d’une certaine taille. La caméra de François Truffaut a capté quelques traces de ce Polygone première manière dans son film L’homme qui aimait les femmes. On y aperçoit le cinéma disparu, les escalators à moquette orange et le parking alors assez sombre pour y envisager des jeux amoureux à l’abri des voitures. Je me souviens du Polygone de mon enfance, ce cul-de-sac sans lumière du jour mais où il y avait une fontaine devant les Galeries Lafayette. Du magasin de jouets Olifan, des pianos de Music 34, des plateaux de Flunch, de Parunis et de ses grands sacs en plastique. Je me souviens de l’ouverture du passage Hermès, qui donnait enfin au très pompidolien Polygone un débouché sur son anthithèse, l’Antigone de Ricardo Bofill. J’ai beaucoup fréquenté le Polygone où ma mère aura travaillé près de 35 ans. Mais si j'y vais encore pour certaines enseignes, je préfère de beaucoup le lèche vitrines en centre-ville.

vue d'artiste du futur quartier du Polygone - plaquette Montpellier 1970


Commentaires

  1. Parunis !!!! J'avais oublié ! Mais pas Olifan, ni l'espace Caumette (au Triangle) et la.parfumerie Kalysté...que de beaux souvenirs !

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