Lecture de généalogiste : 4- Les tantes de Bertie Wooster ne sont pas des gentlemen


Au commencement il y a Bertram Wooster, un riche célibataire anglais parfaitement stupide. Quand il n'est pas dans son appartement londonien ou dans une location meublée à New-York, c'est qu'il est en visite dans un château du Shropshire. Sa seule contribution active au monde qui l'entoure est un article de quelques pages qui traite de ce que l'homme élégant doit porter dans le Milady's boudoir. Bertram n'a plus de parents vivants, ce qui explique son aisance et son oisiveté.

Rien chez Bertie ne suffirait à nourrir les nombreux romans que P.G. Wodehouse a écrit en variation sur le même canevas autour de lui. Mais c'est qu'un jour de gueule de bois carabinée, Jeeves est entré dans la vie de Bertie. Jeeves est le domestique parfait, le gentleman personnel d'un gentleman. Il peut préparer en quelques instants un tonique qui soigne la gueule de bois quasi-instantanément, mais surtout il permet à Bertie de se sortir des situations absurdes dans lesquelles le placent parfois ses amis aussi crétins que lui, mais surtout ses tantes.

Elle sont deux, la très désagréable Agatha, Mrs Gregson et la fantasque et drolatique Dahlia, Mrs Travers. Toutes les deux ont une juste appréciation de leur neveu : pour Agatha, Bertie est un idiot clinique qui doit être protégé de lui-même. Pour Dahlia, Bertie est un incorrigible crétin qu'elle traite avec une indulgente condescendance.

Toutes deux confient à Bertie des missions très simples : raccompagner un jeune cousin imbécile à son pensionnat, remettre les prix dans un pensionnat de jeunes filles ou aller récupérer une vache en porcelaine chez un antiquaire... Bertie les fait tourner en catastrophe, se retrouve fiancé sans l'avoir voulu à une femme qui veut le changer du tout au tout et au moment où il a le plus besoin de son soutien, il fâche Jeeves par une manifestation de mauvais goût aussi atroce que se laisser pousser la moustache, porter une cravate rouge ou des chaussures marrons alors qu'il n'est pas à la campagne. Jeeves diffère donc son aide jusqu'à obtenir un rasage complet ou de pouvoir donner la pièce de vestiaire de mauvais goût à un nécessiteux. Puis il met en branle son puissant cerveau et trouve pour Bertie la solution lui permettant d'éviter la prison, le mariage ou plus grave encore d'être privé de la cuisine d'Anatole, le chef français de Tante Dahlia.

De quoi lui permettre d'affirmer à Jeeves : "Aunts aren't gentlemen". Indeed !

Jeeves est un monument d'humour anglais, pétillant et léger. J'y reviens toujours lorsque j'ai besoin de m'évader loin de soucis complexes, Wodehouse est le meilleur des anti-dépresseurs.

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