Le procès Daygouy 16- Pierre Costes, ce que l'on sait de la victime


Comme ce feuilleton s'attache avant tout à mon ancêtre Jean-Baptiste Daygouy et que ma source principale est le dossier de son procès, je ne me suis pas arrêté jusqu'ici sur la figure de Pierre Costes. Il faut dire que le dossier ne nous apprend pas grand chose sur lui, qui nous en dit plus sur son cadavre que sur ce qu'il était vivant.

Peu de choses dans le dossier pourrait faire penser que Jean-Baptiste Daygouy a tué intentionnellement Pierre Costes. Un seul témoignage fait état de leurs relations antérieures. Lorsque Jean-Baptiste Daygouy a versé sa charrette à boeuf à Labro pendant les vendanges 1807, quelques semaines à peine avant la veillée funeste, personne n'est venu à son aide. L'officier de santé Combes, l'oncle maternel de Pierre Costes, a fait remonter au jury d'accusation que Jean-Baptiste avait ce jour là menacé Pierre, qui aurait chanté sur un toit en se moquant de lui. Le charpentier Jean Prat donne un peu de consistance à cette histoire. Il confirme avoir entendu Jean-Baptiste menacer Pierre Costes, disant qu'il le lui payerait et l'appelant "le petit fermier de Maleviale". Prat est le seul à témoigner de cela et en même temps il dit qu'il y avait erreur sur la personne.

Maleviale ? J'ai recherché dans la très utile base de données de Claude Barret sur les lieux-dits aveyronnais si cela renvoyait à un endroit. Il y a bien un Malevielle à Saint-Rome-De-Cernon mais je crois qu'il s'agit plutôt d'un nom de personne. C'est un nom de famille que l'on retrouve aussi bien à Estaing qu'à Espalion et il y en a eu au Monastère-Cabrespines un siècle plus tôt. Comme toujours pour des recherches en Aveyron, je commence toujours par les relevés de la base VisuArchives, notamment les relevés systématiques de certaines communes. Ceux de Coubisou, malgré la complexité locale, sont assez bien couverts sur la période 1598-1829, grâce aux efforts de Michel Berthuol et de Pierre-Jean Combes. C'est à partir de leur travail que j'ai pu reconstituer rapidement l'environnement familial de Pierre Costes. 

Plutôt que de reconstituer l'ensemble de la fratrie, sans doute plus nombreuse, je me suis concentré sur lui, ses frères, sa soeur et son beau-frère entendus comme témoin, en incluant ses parents et bien sûr l'officier de santé Combes, cet oncle maternel qui s'est employé à accumuler les accusations annexes contre Jean-Baptiste Daygouy.

Pierre Costes, célibataire à 33 ans, est l'un de ces trois jeunes gens de Labro invité à boire bouteille en compagnie de Pègues et du tonnelier. Le vin blanc et l'amusement de la danse furent ses derniers moments, avant le mouvement qui le poussa à secourir Pègues blessé par le jet de caillou ou de tuile d'Antoine Daygouy, et qui le mit dans la ligne de mire du fusil de Jean-Baptiste. Victime collatérale d'une querelle de voisinage qui a très mal tourné, le malheureux Pierre Costes reste pour moi un quasi-inconnu.



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