Le procès Daygouy 17- Fugitif et contumax

église de Coubisou (octobre 2000)

Le 4 janvier 1808, Anne Garrigues est mise hors de cause par le substitut. Elle est aussitôt libérée après plusieurs semaines de détention provisoire. En revanche comme Antoine et Jean-Baptiste ne se sont pas présentés, l'affaire est renvoyée devant le jury d'accusation et un mandat d'arrêt est délivré contre eux. 

Le 31 janvier 1808, le jury d'accusation met hors de cause Antoine Daygouy et ne retient de charges que contre Jean-Baptiste. 

Le 18 février, comme il est toujours introuvable, le président de la cour de justice criminelle de l'Aveyron ordonne "qu'il soit fait perquisition de sa personne partout où besoin sera, et que tout citoyen est tenu d'indiquer l'endroit où il est afin qu'il puisse être saisi ou arrêté." Un avis est lu sur la place publique avec roulement de tambours et une affiche est clouée sur la porte de la maison des Daygouy au Bousquet.

Fugitif opiniâtre, Jean-Baptiste est déclaré rebelle à la loi le 16 mars 1808. Ses biens sont mis sous séquestre, il est déchu de ses droits de citoyen français et il sera procédé contre lui malgré son absence.

Le 17 octobre 1808, Jean-Baptiste Daygouy est jugé et condamné par contumace. Il est reconnu coupable d'homicide, de l'avoir fait "méchamment et à dessein de nuire" et volontairement. Cette première condamnation est de vingt ans de fer.

Le 1er avril 1810, Jean-Baptiste se rend volontairement à Rodez et est écroué le jour même à la maison d'arrêt. Dans sa déposition préliminaire, il indique s'être rendu à Saint-Côme pour faire une dénonce le lendemain du meurtre. Mais il n'est pas interrogé sur ce qu'il a fait ensuite. Qu'a-t-il bien pu faire pendant deux ans et demi de cavale ? De quoi vivait-il ? Où se cachait-il ? De quelles aides a-t-il bien pu profiter pour rester aussi longtemps dans la clandestinité ? Ma cousine généalogiste imagine qu'il a bénéficié des habitudes de clandestinité de ses cousins Laparra de Salgues. Ce n'est pas impossible, mais les indices concrets manquent.

Les nombreux témoins à charge réunis lors de l'instruction, avec ou sans l'intervention de l'officier de santé Combes, rendent en tout cas improbable qu'il ait pu rester tout proche de chez lui sans courir le risque d'être appréhendé. Or, c'est bien volontairement qu'il s'est rendu. Etait-il lassé de son existence de fugitif ? Voulait-il faire cesser le séquestre sur ses biens qui devait compliquer la vie de sa famille ? Pensait-il pouvoir encore échapper à la condamnation en se disculpant ?

Sur le plan documentaire, le procès qui se tient à Rodez du 24 au 26 avril 1810 est décevant. Le compte rendu est très formel et ne rend pas compte des propos tenus ni de la plaidoirie de l'avocat. Je n'ai de ce fait pas vu l'intérêt de l'infliger à mes lecteurs. La peine est cependant ramenée à dix ans de gêne au lieu des vingts ans de fer initiaux.

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