Lecture de généalogiste 7 : Jean-Paul Dubois La succession



Ce roman avait tout pour finir dans ma pile de livres : un thème qui m'intéresse, un chien sous la couverture et une mise en avant de quelques lignes sur la table de la Galerne. C'est peut-être pour ça, qu'hésitant entre les évidences ou les prises de risque, il a attendu longtemps que je l'achète. Et puis je l'ai dévoré, comme souvent en vacances, en une journée à peine.

Je n'avais jamais lu Jean-Paul Dubois, j'ignore donc si ce roman est caractéristique de sa manière d'écrire ou non. La succession est pleinement un roman pour généalogiste, parce que l'histoire de famille est au centre de l'intrigue et des enjeux du personnage. Dans la famille du narrateur, il y a le grand-père, un Russe au nom grec qui dit avoir été un des médecins de Staline, la mère Gallieni (aucun lien avec le général), qui vit et travaille avec son frère réparateur de montres tout en partageant, encore qu'il faudrait se mettre d'accord sur le sens du mot, sa vie avec le père, médecin. Particularité glaçante, dans la tribu Katrakilis Gallieni, on quitte la scène en se suicidant, de façon plutôt spectaculaire. 

Le narrateur, Paul, a fait ses études de médecine. Son père s'attend à ce qu'il prenne la succession. Au lieu de ça, Paul prend un chemin de traverse. Sa mère lui a fait vivre toutes ses vacances au pays basque, il y a planté volontairement ses courtes racines familiales et surtout il a appris à jouer à la pelote. Au point que lorsqu'on lui propose de devenir joueur professionnel et d'en vivre, modestement, en Floride, il accepte et fuit la succession. Il y sauve un chien de la noyade, l'appelle Watson comme s'il devait être le candide de son enquête sur lui-même et sur ce qu'il doit faire de sa vie. Watson est en fait le seul personnage réellement positif de ce livre implacable dont la conclusion se devine dès les premières pages. Et puis la mort du père repose la question de la succession. 

Le bonheur de lire est ailleurs, dans l'écriture fluide, dans les hésitations du personnage, et dans les nombreuses digressions de l'auteur. Il est question de la mort de Staline, de la chienne Laïka, d'une moto et de voitures décapotables, du bilinguisme en Floride comme des deux langues de Norvège. J'ai suivi l'auteur comme on écoute un hôte cultivé ouvrir des parenthèses sans jamais oublier de les refermer et de reprendre le fil de son propos. 

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