Le procès Daygouy 1- Les nobles aïeux de François Montels (1834-1892)
(photo : Maurice Montels et Marie Bessodes vers 1905)
Je commence aujourd'hui un feuilleton autour du procès de Jean-Baptiste Daygouy. Pour commencer, je voudrais retracer comment je suis remonté jusqu'à lui.
Lorsque j’ai commencé en 1992 la généalogie ascendante de
mon grand-père Raoul Montels, il m’a été très facile de remonter les 3
premières générations grâce aux livrets de famille conservés par ma
grand-mère : celui de mes grands parents Maurice Montels (1898-1983) et
Emilie Lubac (1896-1985), que j’ai eu la chance de connaître, et celui de mes
arrière grands-parents Xavier Montels (1870-1948) et Marie Frayssignes (1869-1947).
Toutes les branches de mon grand-père montpelliérain venaient de l’Aveyron. Je suis ainsi remonté jusqu’au couple François
Montels (1834-1892) et Marie Bessodes (1844-1930).
C’est grâce aux recherches d'une cousine que j’ai pu avancer
un peu plus loin. La famille Montels ou Monteils selon les branches et les
époques, s’enracine dans le hameau de Maymac, qui dépend actuellement de la
commune de Cruejouls mais qui sous l’ancien régime était rattaché à la paroisse
de Ceyrac. La maison familiale, agrandie et transformée par les générations
successives, est toujours restée dans la famille. Parmi les légendes
familiales, il existait celle d’une ancêtre du XIXe siècle d’origine noble.
Parmi tous ces ancêtres paysans et artisans, cela a bien sûr éveillé ma
curiosité. Par extrapolation d'une imagination fertile, ma cousine nous voyait déjà
descendre de Louis XIV par l’escalier de service.
Comme souvent avec les légendes familiales, la réalité s’est
révélée un peu plus complexe, moins prestigieuse, mais sur le plan de la
recherche généalogique, passionnante.
La mère de François Montels était Marie Anne Daygouy (1798-1882). C'était elle que l'on disait d'ascendance noble. Je m'étonnais un peu de la voir mariée à un simple paysan, mais les recherches dans les archives de la commune de Coubisou d'où elle venait lui donnaient de nombreux frères et soeurs, elle était née après la Révolution et son mari avait du bien.
Pendant plusieurs années, nous avons cru ma cousine et moi que les Daygouy étaient nobles. En fait non, mais ils ont essayé de l'être. Juges, notaires, avoués en Parlement, les descendants d'un aubergiste de Boyne avaient suivi un parcours d'ascension sociale assez fréquent dans l'ancien régime. Ayant acheté des terres nobles, ils se mirent à ajouter le nom de ces terres à leur patronyme, comme les Caylarets, et dans certains actes réussirent à se faire qualifier de baron de Malescombes. Peut-être que si l'ancien régime avait encore duré quelques années, leur agrégation à la noblesse serait allée jusqu'à son terme.
Le père de Marie Anne Daygouy, Jean Baptiste Daygouy, qui se faisait appeler avant la Révolution Daygouy des Caylarets, était le fils de Jeanne-Charlotte de Laparra de Salgues, issue d'une famille anoblie à la fin du XIVe siècle. Son grand-père avait été garde du corps de Louis XIV. Le lien avec le roi-soleil n'allait pas plus loin. En revanche, par les femmes, Jeanne-Charlotte descend de familles souvent plus illustres que la sienne, ce qui de proche en proche finit par raccrocher son arbre à Philippe III le Hardi.
Il y avait donc bien une ascendance noble pour les Montels de Maymac et la possibilité d'utiliser une grande variété d'archives pour les retracer. Mais pendant longtemps Jean Baptiste Daygouy n'est resté pour moi qu'un nom parmi d'autre dans l'arbre généalogique. Pressé de remonter toutes ces branches difficiles à maîtriser je ne m'étais pas arrêté à lui. Et puis j'ai voulu retrouver son décès. Une mauvaise indication dans un acte concernant l'un de ces enfants m'a induit en erreur sur sa date et j'ai donc longtemps cherché dans la mauvaise période. Et puis en reprenant page après page les registres de Coubisou pour rechercher toutes les informations possibles sur les enfants de Jean Baptiste, l'acte de mariage d'un de ses fils m'a provoqué un vrai choc.
"L'an mil huit cent neuf et le quatorzième jour du mois de septembre par devant nous Jean Fleuret Baldit maire de la mairie de Coubisou, officier de l'état-civil de la commune de Coubisou, canton d'Estaing, département de l'Aveyron, sont comparus le sieur Antoine Degoui agé de vingt six ans, propriétaire cultivateur natif du Bousquet, y résidant, majeur, fils du sieur Jean Baptiste Degoui, contumax condamné par jugement du tribunal criminel séant à Rodez..."
L'ancêtre qui rattachait mon arbre maternel à ses branches de notables était un criminel en fuite.
C'est avec une vraie montée d'adrénaline que j'ai demandé aussitôt après les instruments de recherche du tribunal criminel de Rodez et que j'ai découvert les 60 pièces du dossier criminel de Jean Baptiste Daygouy, homicide.
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