Feuilleton Veaugeois 12 : Le retour en Bretagne de la famille Hoyau, essai de généalogie descendante


En mars 1899, quelques mois seulement après la naissance de Georgette, un acte notarié passé par Marie Hoyau à Laval révèle que son mari est désormais domicilié à Rennes. Elle le rejoint sans doute peu après et en 1901, le couple et ses trois enfants sont installés à Rennes. Mais Julia Veaugeois n'est plus avec eux.

Même si l'on m'a appris à ne pas confondre corrélation et causalité, j'avoue que je me suis laissé troubler par cette coïncidence. Pourtant je ne trouve pas l'hypothèse que Charles Hoyau père soit le géniteur de Georgette convaincante, pour plusieurs raisons.

La première c'est que le déménagement à Rennes est un retour à la maison pour les Hoyau, qui peut avoir été décidé indépendamment de la naissance de Georgette. Marie n'a plus d'attaches familiales réelles à Laval et les parents de Charles Hoyau les suivent à Rennes quelques années plus tard. 

La deuxième est que s'il y avait eu un scandale familial dans la naissance de Georgette, je comprends mal pourquoi Marie Hoyau aurait accompagné Georgette pour reconnaître un enfant né de son mari ou de son beau-père. Et je vois encore moins pourquoi elle aurait été accompagnée par Armande Rabardy, qui habite quelques numéros plus loin rue de Beauvais, pour être témoin de l'acte. Non décidément, si Georgette est née à l'hospice dépositaire, c'est pour y être laissée ensuite aux soins de l'assistance publique, non pour écarter la naissance des regards du voisinage. 

Je finis par voir Julia Veaugeois comme une Fanny et son père comme un Marius. A part qu'il n'y eu aucun Panisse pour donner un nom à l'enfant et empêcher le scandale. J'évite ainsi d'affronter l'hypothèse, que rien n'infirme ni ne confirme, d'une naissance consécutive à une relation non consentie. 

Se pourrait-il que Julia ait revu plus tard sa tante ou ses cousins ? Pour sa tante il aurait fallu ne pas trop tarder. En effet, Marie Hoyau est morte dans les premiers jours de 1914, âgée de seulement 45 ans. Sa mort a-t-elle été soudaine ? Cette femme qui maîtrisait bien les démarches auprès des notaires ne devait pas s'attendre à disparaitre si tôt car elle est décédée sans testament. Rien donc qui puisse indiquer une relation continuée avec sa nièce ou sa petite-nièce. 

Les enfants de Charles et Marie Hoyau ont atteint des âges plus respectables, au point qu'à quelques mois près, leurs deux filles sont mes contemporaines : elles sont toutes deux décédées en 1978, plusieurs mois après ma naissance. Grâce aux mentions marginales de leurs actes de naissance, j'ai pu retrouver leur mariage et leur décès. La presse 1930 m'a permis de retrouver certains de leurs enfants : l'avis de décès de Charles Hoyau père en 1926 me donne la composition familiale, la reprise de la publication des bans m'apprend le mariage d'une des petites filles en 1933 et L'Ouest éclair du 13 juin 1937 m'informe que Pierre Gabaude, l'un des petits-fils, a obtenu son brevet sportif populaire dans la catégorie 15-17 ans. 

Le détail le plus insolite concerne Charles Hoyau fils. Et il ne s'agit pas de son prix de solfège au conservatoire de Rennes en 1911. Son acte de naissance ne comporte qu'un seul mariage, en 1940. Il y a pourtant une Madame Charles Hoyau dans l'avis de décès de 1926 et la presse locale rend compte d'un procès intenté par sa femme en 1934, sur le mode humoristique qui était alors de mise quand il était question de violence conjugale et qui nous choque justement aujourd'hui. Un jugement civil du 1er février 1934 à Rennes est chroniqué par L'Ouest-éclair qui explique que la femme de Charles Hoyau, sans donner le prénom de celle-ci, lui a fait un procès pour violence. Le couple est en instance de divorce mais l'interrogatoire tourne la plaignante en ridicule en espérant amuser le lecteur, puisqu'elle dit demander à retirer sa plainte, prétend que son mari ne l'a jamais giflée et vouloir se remarier avec lui après le divorce. 

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