Feuilleton Veaugeois 6 : Les incessants déménagements de Julien Veaugeois fils et sa disparition en 1892

Le 4 rue de la Trinité de nos jours, un des nombreux domiciles de Julien Veaugeois fils


Julien Louis Jean Veaugeois est né le 12 février 1851 à Brécé. Il est le fils ainé de Julien Louis Jean Veaugeois et de Jeanne Le Dauphin. Il est parfois prénommé Jules dans les recensements. 

Lorsque sa mère meurt le 17 août 1855 à Mayenne, il n'a que quatre ans, l'âge où à l'époque un père ne saurait s'occuper seul de ses enfants. C'est donc à la campagne chez ses grands-parents paternels que Julien passe une partie de son enfance avec son frère Louis qui a deux ans de moins que lui. Ils y jouent et travaillent sans doute aux champs avec deux enfants placés par l'hospice chez leurs grands-parents : Hippolyte, qui a deux ans de plus que Julien, et Justine, qui a un an de plus. 

J'ignore où sont les deux frères en 1866. Aucun des deux ne figure dans les registres matricules de la Mayenne pour sa classe. Ils sont pourtant bien tous les deux domiciliés à Laval en 1872, au 14 rue de la Trinité, avec leur père, leur belle-mère et leur demi-sœur Marie alors âgée de 3 ans. J'ai finalement retrouvé en écrivant ce post le décès de Louis Désiré Veaugeois, à l'hospice civil de Laval, le 11 juin 1873. Alors qu'en 1872, il était déclaré comme journalier, son acte de décès le présente comme chaussonnier. Son absence dans le registre matricule n'a donc plus lieu de m'étonner, mais celle de Julien, si. J'ai cherché un peu partout pour le cas où il aurait durablement résidé ailleurs en 1871 mais ne l'ai trouvé ni dans le Calvados, ni dans l’Orne, ni dans l’Ille-et-Vilaine, ni dans la Sarthe, ni dans la Loire-Atlantique, ni dans la Manche, ni en Seine-Maritime, ni dans l’Eure, ni dans l’Eure-et-Loir, ni dans les Yvelines. Seule explication avancée par l'archiviste de Laval qui m'a aidé dans mes recherches : la désorganisation de l'année 1871 marquée par la guerre contre l'Allemagne, la défaite et la Commune. 

Julien se marie en 1873 à Laval, avec une jeune veuve âgée de 30 ans, Pauline Lepecq. Celle-ci a déjà une fille de son premier mariage avec le menuisier Camille Dauverné (1832-1871), Pauline, la future grand-mère Fourneaux. Julien le jeune est alors domicilié avec son père, rue de la perruque.

Julia, fille unique de Julien et de Pauline, naît le 31 octobre 1875 à Laval, rue des Orfèvres. Au recensement de 1876, le ménage est domicilié 1 rue de Chapelle.

Le 18 février 1880, Julien reçoit de son père la maison du 4 rue de la Trinité à Laval, valorisée pour 3900 francs, avec jouissance immédiate, "pour y établir un fond de commerce et y exercer son industrie pendant tout le temps que bon lui semblera". Cette donation le fait renoncer à tout autre héritage de la part de son père.

Il semble pourtant qu'il ne s'installe pas tout de suite dans cette maison puisqu'au recensement de 1881, il ne s'y trouve pas. Entretemps, il a de nouveau changé de maison et de profession. Le voici désormais épicier et sa femme épicière, au 4 rue Trouvée. Outre les enfants, le foyer accueille un pensionnaire, Théodore Bocquet, cordonnier âgé de 52 ans.

En 1886, le voici en revanche bel et bien installé 4 rue de la Trinité, ayant retrouvé son ancienne profession de cordonnier. En 1889, la liste électorale le domicilie à nouveau rue des Orfèvres, ce que confirme le procès-verbal du conseil de famille du 12 juin 1889.

A la mort de son père en 1891, il réside avec lui au 4 rue Saint-Mathurin, déclaré cette fois comme mercier.

Le mercredi 10 février 1892 à 14 heures, malgré la sommation adressée par huissier, Julien ne se présente pas chez le notaire Ramard à la clôture de l'inventaire de la succession de son père. A 15 heures, les démarches sont continuées sans lui.

Au premier janvier 1893, Julien n'est plus inscrit sur la liste électorale de Laval. Il n'est pas décédé à Laval en 1892 et n'y a pas été écroué. A-t-il disparu sans laisser d'adresse après février 1892 ? L'instabilité professionnelle et domiciliaire de Julien semblait déjà chronique. Grâce aux archives de l'enregistrement et des hypothèques, je sais qu'en 1890, il cède sa maison de la rue de la Trinité. En 1891, il se débarrasse aussi de celle qu'il possède rue basse des bouchers. Il n'est à ma connaissance plus propriétaire à compter de ce moment. Je ne le retrouve à Laval ni dans les listes électorales

J'ai cherché son décès à Mayenne et à Rennes entre 1892 et 1903, sans succès. Aucun remariage n'est indiqué ni par une mention marginale sur son acte de naissance ni dans le dépouillement des mariages de la Mayenne. Il ne figure pas non plus dans les tables de succession et d’absence du département jusqu’en 1911 inclus.

En 1896, sa fille Julia réside chez sa tante Marie Hoyau. Je n'ai retrouvé ni réunion de conseil de famille ni aucun autre acte donnant un cadre légal à cette situation alors que Julia n'a pas encore 21 ans révolus au moment du recensement et qu'elle est donc toujours mineure aux yeux de la loi.

Je n'ai aucune idée de recherche supplémentaire ou piste pour chercher ailleurs. J'ai bien peur de ne jamais savoir ce qu'est devenu Julien Veaugeois après ses 40 ans.

Comme pour tous les posts de ce nouveau feuilleton, et particulièrement pour celui-ci je suis demandeur de retours et de suggestions pour aller plus loin dans mes recherches. Merci de laisser vos suggestions par commentaire directement sur le blog ou sur Facebook.


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