Mes ancêtres dans la Grande guerre 1 : Xavier Montels, intendant du Mas de Rochet à Castelnau-le-Lez

Xavier Montels dans son uniforme du 16e escadron territorial du train des équipements militaires (1915)

En cette année du centenaire de la fin de la Grande guerre, je voudrais rendre un hommage personnel à mes ancêtres poilus, en ligne directe ou aux collatéraux qui n'ont pas eu de descendance du fait de la guerre. Je commence cette série de posts par mes ancêtres directs et d'abord par mon seul arrière-arrière grand-père né assez tard pour servir pendant la première guerre mondiale.

La maison en 1950 lors de sa vente
Né en Aveyron dans le petit village de Saint-Amans-de-Varès (commune de Recoules-Prévinquières), Xavier est un cadet de cadet. Son père François n'était pas l'aîné, celui qui était destiné à hériter de la maison et des terres réunies par ses ancêtres à Maymac, actuelle commune de Cruejouls. François est donc "venu pour gendre" comme on disait encore il n'y a pas longtemps en Aveyron, dans la famille Bessodes. Leur première installation dans le village de Saint-Amans de Varès était plutôt modeste. Son épouse Marie lui a permis d'acheter la belle maison de famille, conservée jusqu'en 1950 et que les propriétaires successifs ont très joliment mise en valeur. C'est là qu'ont grandi Xavier, ses frères et ses deux soeurs.
Ancienne maison des Montels à Saint-Amans-de-Varès








Xavier Montels est un soldat d'âge mur en 1914. Né peu de mois avant le début de la guerre de 1870, il est recensé en 1890. Comme il dépend de l'arrondissement de Millau, sa fiche matricule est conservée aux archives de la Lozère à Mende, sous le numéro 957. Il est versé dans le service auxiliaire du fait de ses varices. Il n'est donc pas affecté dans l'armée active mais au 16e escadron territorial du train des équipages militaires (ETEM), cantonné à Orange. Il est en service actif dans la "campagne contre l'Allemagne" du 29 mars 1915 au 26 juillet 1917 mais les ETEM ne sont pas considérées comme des unités combattantes. Il est ensuite déplacé dans le 81e régiment d'infanterie et se retrouve libéré de ses obligations militaires peu après l'armistice, le 10 décembre 1918.

Xavier s'est marié à Séverac-le-château avec Marie Frayssignes en 1896. Il déclare pour domicile celui de sa mère à Saint-Amans, mais dès 1892 il est installé dans l'Hérault, d'abord à Vic-la-Gardiole en février puis à l'automne au Grau-du-roi, au domaine du Sémaphore (Gard). En février 1893, il s'installe à Maurin, commune de Lattes (Hérault). Domicilié à Montpellier en 1898 et 1899 rue de l'ancienne poste, il est ensuite à Celleneuve au moins entre 1901 et 1903. Cocher sur son acte de mariage, son passage par de nombreuses propriétés viticoles a donné une autre orientation à sa vie professionnelle. 

Avant le recensement de 1906, il entre au service de la famille Saintpierre, à Castelnau-le-Lez. Son frère Miquel travaillait déjà dans leur domaine du Mas de Rochet en qualité d'ouvrier agricole. C'est en qualité de métayer de ce domaine qui comptait alors une cinquantaine d'hectares de vignes que Xavier est embauché. Le mas de Rochet est aujourd'hui une maison de repos entièrement rattrapée par l'urbanisation. A l'époque, c'est une belle propriété de campagne aux mains de la famille Saintpierre. Camille Saintpierre (1834-1881) était une figure majeure, avec Jules Planchon, de la lutte victorieuse contre le phylloxera. Agrégé de médecine, polyglotte, tôt rallié aux idées de Pasteur, Saintpierre ne parvient pas à obtenir de poste titulaire au sein de la faculté de médecine de Montpellier, qui est alors opposée à Pasteur. C'est donc comme directeur de l'école d'agriculture qu'il s'impose à partir de 1875. Il défend le greffage des vignes sur des plants américains, technique qui a permis de sauver le vignoble face au phylloxera. Mais cette victoire est tardive et lui-même n'a pas le temps d'en voir les effets sur son domaine. C'est la veuve Saintpierre, assistée de son intendant Clareton, qui convertissent le mas de Rochet en vignoble greffé. Xavier Montels succéda donc à Clareton dans un vignoble tiré d'affaire et où la famille ne réside plus.

J'ai échangé il y a quelques années avec Eric Portal de Cacqueray qui m'avait communiqué une copie de son article biographique sur Camille Saintpierre paru dans le Castelnaumag de juillet août 2007 et une chronologie de l'histoire du domaine. Il a depuis eu la gentillesse de me communiquer des éléments plus récents.

En 1907, François Blayac rachète le domaine à Blanche Saintpierre. Ce disciple de Frédéric Mistral et avocat à la cour d'appel réside au domaine, qu'il appelle plus volontiers le château de Rochet et fait embellir. 

Xavier Montels et son épouse Marie vers 1940
Xavier achète alors une maison non loin du domaine de Rochet dans le quartier du Sablas, au lieu-dit Les Condamines. Je ne pense pas que la maison du Sablas existe encore. Le cadastre en ligne est celui de 1826 les parcelles C658 à C660 n'y figurent pas. Ma grand-mère qui en connaissait l'emplacement de l'a pas retrouvée lorsque nous avons essayé ensemble il y a une dizaine d'années. J'aurais peut-être encore pu la voir lorsque j'étais enfant mais ce quartier de Castelnau a été radicalement transformé par le passage de la ligne 2 du tramway de Montpellier.

J'ignore jusqu'à quelle date Xavier Montels a pu continuer à travailler. Au recensement de 1936, il est toujours déclaré comme cultivateur, mais le nom de son employeur n'est pas indiqué. En 1943, lorsque le Mas de Rochet est réquisitionné par la gestapo suite à l'occupation de la zone sud, il a 73 ans.

Devenu veuf en juin 1947, malade, il décède chez son fils Maurice en janvier 1948, à Montpellier.

Commentaires

  1. Bonjour, et tout d'abord merci pour ce bel article. Je suis tombé dessus en faisant des recherches sur l'histoire du quartier du Sablas à Castelnau car j'y ai grandi et mes parents y habitent toujours, dans une maison vigneronne qui présente des similitudes avec celle de votre photo (du lieu-dit des Condamines). Si vous disposez d'autres photos de cette maison ou autres informations, n'hésitez pas à me contacter, ce serait un plaisir d'échanger avec vous. Je ne suis pas sûr qu'il s'agisse de cette maison, mais une chose est sûre nos ancêtres étaient voisins :)

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