Pierre-Rouge 20 : Les petites sœurs des pauvres

Pour les épisodes précédents, c'est ici

"Ma maison", actuel bâtiment des petites soeurs de pauvres à Montpellier, façade sur la rue Jeanne Jugan - octobre 2018 (collection personnelle)

En 1839, Jeanne Jugan fonde une nouvelle congrégation. Née en 1792 non loin du Mont Saint-Michel, à Cancale, cette religieuse bretonne dont Benoît XVI a fait une sainte en 2009 s'est consacrée au soin des personnes âgées pauvres. Sixième d'une famille de huit enfants, Jeanne Jugan est d'abord aide cuisinière, puis aide infirmière ; elle vend aussi des fromages sur le marché. Elle grandit dans un climat de répression religieuse lié à la période révolutionnaire, la pratique religieuse doit se faire discrète et elle suit le catéchisme dispensé dans la clandestinité. Jeanne Jugan entre en religion en 1817, dans une période de reconquête catholique consécutive au Concordat et à la Restauration. C'est la société des Enfants du Cœur de la Mère Admirable que rejoint Jeanne Jugan. Il s'agit d'un tiers-ordre, c'est-à-dire d'un groupement religieux s'inspirant d'une règle religieuse mais dont les membres ne prononcent pas de voeux, fondé par saint Jean Eudes. Jeanne Jugan, en religion soeur Marie de La Croix, finance ses œuvres par la charité à partir de 1842 en organisant des quêtes. On la voit souvent dans les rues de Saint-Servan avec son grand panier, acceptant de l'argent mais aussi des vivres. Ecartée du supériorat par le père Le Pailleur dès 1843 et privée de toute responsabilité en 1855, elle vit cette injustice comme une épreuve divine, avec humilité. Jeanne Jugan resta cependant active jusqu'à sa mort en 1879. En octobre 2009, Jeanne Jugan a été canonisée par le Pape Benoît XVI. 

Sainte Jeanne Jugan par Nadar (domaine public)

En 1859, les petites sœurs des pauvres s’installent à Montpellier rue Ferdinand Fabre, où elles sont autorisées à accueillir des vieillards à partir de 1863. Dans ce quartier des tanneurs peu prisé de la population, les sœurs agrandissent peu à peu leur domaine en achetant d’autres maisons dans l’îlot. En 1869, elles reçoivent une subvention de 500 francs or du département de l'Hérault.

Les constructions initiales sont achevées en 1872. En 1879, 160 vieillards pauvres sont accueillis, ils sont 200 dix ans plus tard. Malgré mes recherches, je n'ai trouvé à ce jour aucune vue ancienne de leurs locaux montpelliérains.

L'annuaire du département de l'Hérault de 1939 décrit sobrement les conditions d'admission : « Il faut, pour être admis à l’asile, être âgé d’au moins de 60 ans et n’avoir pas le nécessaire à la vie ». 

Sans doute parce qu'elle répond à un vrai besoin social, l'œuvre des petites soeurs des pauvres existe toujours en 2019 malgré une période difficile il y a une vingtaine d’années. 

Au printemps 1996, la DDASS demande la convocation d’une commission de sécurité qui débouche sur une demande de mise en conformité des locaux, notamment en termes de sécurité incendie. Le coût de 3,3 millions de francs est hors de portée pour les finances des sœurs. En 1997, Midi Libre relaie l’appel de la mère Madeleine et de ses seize petites sœurs. Elles n’ont pas les moyens de mettre en conformité « Ma maison », qui accueille alors 85 personnes âgées et salarie 30 personnes. Mais cela ne suffit pas et en 2002, il fallut entreprendre de reconstruire totalement « Ma maison », y compris la chapelle. Les travaux sont entièrement terminés en 2009. L'EPAHD accueille aujourd'hui 84 personnes.

"Ma maison" reste ouverte sur le quartier. Les messes de la semaine et du dimanche, ainsi que le chapelet récité tous les soirs à 17h00, sont ouverts au public. 

Vue de La Chapelle depuis le portail d'entrée - octobre 2018 (collection personnelle)


L'ensemble des sources utilisées pour l'écriture de ce blog est disponible ici.

Commentaires

Articles les plus consultés