Pierre-Rouge 34 : Quatrième partie : Les activités économiques d’hier
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Retrouver la trace des activités économiques disparues est un travail de longue haleine. Dans les billets suivants, je m'attarde sur quelques unes d'entre elles qui ont laissé assez de traces pour donner matière à un texte. Mais comment se faire une idée du reste ? Surtout dans une période qui se prolonge où je ne peux ni venir à Montpellier autant que je voudrais (et donc prendre toutes les photos que je voudrais), ni accéder aux archives.
Les factures anciennes sont une source à ne pas négliger. Elles permettent de retrouver l'adresse de commerces ou d'ateliers depuis longtemps disparus et de leur donner une date certaine.
C'est grâce à une facture de 1925 que j'ai appris qu'il existait à cette date une quincaillerie très diversifiée au 5 de la rue de Lunaret. M. Paul Triaire venait de s'y installer récemment, car son papier à en tête porte une adresse 4 place du marché aux fleurs, recouverte par un tampon portant sa nouvelle adresse. Au rez-de-chaussée de cette jolie maison à deux étages, dont les balcons de ferronnerie valent le coup d'oeil, M. Triaire vendait en gros tout ce qu'un quincailler pouvait proposer comme marchandise faite en métal. Cela allait des outils pour l'agriculture à la robinetterie en passant par les appareils de chauffage, les ustensiles ménagers, et toute la clouterie dont pouvaient avoir besoin menuisiers et cordonniers. Sa clientèle n'était pas que locale puisque la facture que j'ai consultée était adressée à un quincailler sétois.
Mais cette démarche est limitée à ce qui a été conservé et se trouve visible sur le marché de la collection au moment où on enquête. J'ai donc dû me tourner vers d'autres sources, sans le secours des archives en période de pandémie.
L'annuaire du département de l'Hérault commence, à partir de la Restauration, à donner des listes de commerçants et de fabricants. Jusqu'au milieu du XIXe siècle, les mentions relatives au quartier sont rares. En 1828, l'annuaire indique ainsi qu'il y a parmi les fabricants de mouchoirs, toiles de coton et mousselines J.-B. Thomas et compagnie, à Boutonnet, sans adresse précise. 1829. En 1839, cette entreprise ne figure plus à l'annuaire, mais on trouve au faubourg Boutonnet un M. Jules Bertin comme fabricant de couvertures. En 1859 et 1869, ce sont des marchands de laine que l'on trouve au pont des tanneurs.
A cette date, l'activité est encore très concentrée au centre-ville et parfois dans des artères étroitement spécialisées. Sur 11 orfèvres cités en 1828 dans l'annuaire, 9 sont situés dans la rue de l'Argenterie.
Je me suis lancé dans un dépouillement minutieux de l'annuaire de 1879 (en faisant des rapprochements avec celui de 1889), dont la pagination très étoffée rend compte de façon détaillée de l'activité économique. Il devient possible de retracer une géographie des commerçants et artisans, avec une concentration autour d'axes traditionnels, dont le plus dense est celui de la rue du faubourg Boutonnet. Il ne s'agit bien sûr que de commerçants patentés, ayant pignon sur rue.
Portique de l'octroi dit "de la boucherie" remonté en fontaine (carte postale circulée en décembre 1988 - collection de l'auteur) |
Il est difficile d'évaluer l'importance d'une économie plus grise, sinon par les saisies de l'octroi, cette douane aux portes de la ville qui taxe les marchandises. La contrebande est un sport local assez développé à la fin du XIXe siècle et L'Eclair relate avec un rien d'amusement les actes condamnables des fraudeurs qui passent de l'alcool ou du gibier. Le produit des saisies est gardé dans un local de l'abattoir, j'y reviendrai dans un prochain billet.
L'activité n'est pas sans risque, comme le prouve cet article de L'Eclair daté du 24 octobre 1887 : "Le Sieur X, contrebandier, conduisait hier, à onze heures du soir, sur l’ancien chemin du cimetière, une voiture contenant des marchandises qu’il introduisait par fraude en ville. Le cheval allait à fond de train. En débouchant de la rue des Récollets, la voiture heurta un autre véhicule, qui allait s’engager rue Saint-Vincent de Paul. Le choc fut si brusque que X, démonté de son siège, fut projeté sur le sol et se blessa à la tête. Le contrebandier était apparemment pressé car, sans se soucier de sa blessure, il remonta sur son siège et reprit sa route à grand allure."
Avec la multiplication des véhicules utilitaires à moteur, la lutte contre les fraudeurs se fait à armes inégales.
Mais si l'octroi fait de belles prises, il ne peut contrôler efficacement toute la marchandise qui rentre en ville. Vendeurs à la sauvette, marchands ambulants, ne sont pas une réalité nouvelle. Par ailleurs, si j'ai recensé les activités dans les rues correspondant au quartier que j'étudie (en tout cas toutes celles dont j'avais relevé les anciens noms), il est certain que beaucoup d'habitants se sont aussi fournis en dehors de ses limites. Avec ces réserves à l'esprit, on peut cependant recenser les ressources disponibles dans le quartier.
Sauf exception, j'ai cité tous les noms, dans l'idée de permettre aux généalogistes, grâce à l'indexation de ce billet, de trouver des renseignements utiles. Le lecteur pressé pourra lire ces passages en diagonale. Mes lecteurs habituels voudront bien excuser ce billet moins illustré que d'habitude, les vues anciennes de commerces du quartier étant bien difficiles à trouver.
Commençons cet inventaire par le boire et le manger. Parmi les commerces alimentaires, on peut identifier 19 bouchers : Bonnel, Chamayou, Faure, Joffre et Ricard, rue des Récollets (qui devient la rue des patriotes en 1882, c'est l'actuelle rue Proudhon), Chiron, rue du séminaire (actuelle rue Ferdinand Fabre), Cruveillier, Pigot & Rocher, Verdier ainsi que Malzac au 4, au 6 au 12 et plus loin dans la rue Belmont, la veuve Drillet et Verdier au 21 rue du faubourg Boutonnet, la veuve Mestre au 53 de la même rue, Roumiguier au 61. Rue et place de l'abattoir ce sont Gelly, Ginouvès et la veuve Rouvier. On trouve encore Servent, rue de la Cavalerie et Singlat, rue de Lunaret. Liée à l'installation des nouveaux abattoirs, cette activité se développe aussi du fait de l'augmentation de la consommation de viande avec l'amélioration du niveau de vie des classes populaires. Aucun charcutier en revanche mais 7 tripiers, Autebon et Cayla rue des Récollets, Claparède, rue de l'abattoir, Dussol cité Lunaret, la veuve Rouvier 6 rue Belmont et Huc au numéro 10 et la veuve Robert rue de la Cavalerie.
Le pain constituant toujours la base de l'alimentation pour beaucoup de ménages, le nombre important de boulangers n'est pas étonnant. Au contraire, avec 10 boulangers pour 19 bouchers, il y a clairement une concentration de la boucherie autour des abattoirs qui n'est pas destinée qu'à une consommation de proximité. L'édition de 1889 de l'annuaire, qui distingue les bouchers grossistes des détaillants, permet d'y voir plus clair : sur 13 bouchers grossistes de Montpellier, 11 se trouvent dans le quartier autour des abattoirs. Le quartier accueille aussi 23 détaillants, dont plusieurs ont aussi un étal à la halle aux colonnes. Le nombre de boucheries a connu une croissance vertigineuse entre 1879 et 1889, à l'image de la consommation de viande, alors que le nombre de boulangers est passé de 10 à 8. La rue du faubourg Boutonnet confirme son caractère très commerçant, avec plusieurs boulangers : Dumont au 11, Carrière au 45, Prunel au 49, Viala au 74. Rue des Récollets : Bessière au 9 et un peu plus loin Coulet et Reboul. Bouissac, cité Lunaret, Carrière 1 rue Marie-Caizergues, Fraisse rue de l'abattoir.
En revanche aucun pâtissier, ne tient commerce dans le quartier. Et le vendredi, si vous voulez manger du poisson, il n'y a qu'un seul poissonnier, Crouzet, rue de la Cavalerie.
Le nombre de cafés est encore peu élevé, l'annuaire de 1879 en recense 5, celui de 1889 seulement 9. Ce commerce est très concentré dans le centre-ville, même s'il existe quelques bistrots de quartier : Bonnard, rue de Villefranche, Delmas, 11 rue des Récollets et Granier plus loin dans la même rue, rue du faubourg Boutonnet : Bonnet au 67, Brunel au 71. On trouve aussi plusieurs débitants de liqueurs : Sarrazin, place de l'abattoir, Aberlin 5 rue des Sourds-Muets, Cayrel, 7 rue des Récollets et Roussel quelques maisons plus loin (ils sont 20 en 1889). Si on veut consommer du vin à la maison, il ne faut pas compter sur un caviste vendant du vin bouché. Il faut aller avec sa bonbonne, chez Arnaud, rue Thérèse, chez Cablat, 6 rue du faubourg Boutonnet, chez Calmel ou chez la veuve Venelle rue de Lunaret, chez Maurin 10 rue des Sourds-muets, Mouillerac rue des Récollets ou encore chez Roudier, rue Belmont.
Une bonbonne semblable à celle de mes souvenirs d'enfance (image sous license Pixabay disponible ici) |
Au début des années 1980 encore, mon arrière-grand-père sacrifiait à ce rituel de la bonbonne de vin de table. Il serait bien désorienté aujourd'hui s'il cherchait à l'entrée de Castelnau son vendeur de vin en vrac, dont le hangar abrita ensuite longuement les cuisines Mobalpa avant d'être remplacé par l'immeuble hors d'échelle de la station de tramway Charles de Gaulle. Sa bonbonne était une grosse bulle de verre foncé que l'on devinait à peine sous son enmaillotage d'osier. Une fois la bonbonne rapportée à la maison, il sortait un grand entonnoir, des bouteilles de limonade Phénix fraichement lavées et mettait son vin de tous les jours en bouteille, fermant le bouchon en céramique monté sur un mécanisme en acier. Le joint rouge orangé garantissait l'étanchéité de la bouteille, rangée à plat sur une étagère en fil de fer. Ce vin de tous les jours était ensuite servi à table, souvent coupé d'un peu d'eau.
A l'époque des courses quotidiennes - ou presque - et des gardes manger, il existe un seul magasin de comestibles, tenu par M. Gervais, rue Lunaret. En revanche de nombreuses épiceries se partagent la clientèle. Bien sûr il y a la rue Boutonnet, avec Ode au numéro 6, Pelisse au 31, Gauzy au 60, Imon au 64. Ailleurs, on peut s'approvisionner chez Jean Albert, rue Belmont, Bedos ou la veuve Fargier rue Lunaret, Cabanel rue Thérèse, Deltour chemin de Castelnau (actuel n° 38 de l'avenue de Castelnau, voir photo), Dugarret ou la veuve Lallevée rue des Récollets, Geniès, place de l'abattoir, Soin au 1 rue du séminaire.
Impossible de se fournir en fromage dans le quartier, il faut aller "en ville", en revanche on trouve de nombreux laitiers : Boch et Laporte rue des Récollets, Chanut 37 rue du faubourg Boutonnet, Daniel rue Thérèse, un autre Daniel 15 rue du séminaire, la veuve Ferraud à la cité Lunaret et enfin Peyre, chemin de Nazareth. Dans Montpellier bras dessus bras dessous, Roland Jolivet a bien décrit comment les marchands de lait faisaient la tournée de leur secteur avec leur vache et fournissaient la clientèle dans ses propres récipients, directement au pis de la vache. La bonne réputation était précieuse pour ce commerce, ce qui explique sans doute le comportement d'Elisabeth Salles, épouse Combacal, décrit dans un article de L'Eclair daté du 23 novembre 1887 : Celle-ci est « invitée (…) par un agent de police à se rendre au bureau pour y faire vérifier le lait qu’elle portait dans sa cruche. Sachant que son lait était falsifié, la laitière se réfugia dans le couloir d’une maison. L’agent fit le guet. Au bout de quelques instants la femme Salles sortit et, apercevant l’agent, lui lança le lait à la figure ; elle n’en fut pas moins arrêtée. Il était resté assez de lait au fond de la cruche pour en permettre la vérification. On trouva qu’il contenait 15% d’eau ». Elisabeth Salles fut condamnée à 30 francs d’amende, à l’affichage du jugement sur la porte de son domicile et dans un journal de la région. De quoi faire fuir la clientèle la plus fidèle. Et il y avait pire, le mois suivant, deux personnes furent condamnées pour un lait allongé de 25% d'eau !
Si l'on veut acheter des volailles, pour son poulailler ou directement pour la casserole, on peut s'adresser à Dumas rue des Récollets, Jeanjean ou Vitou rue de Lunaret. Il était assez courant, si l'on avait un jardin ou une cour assez grande, d'avoir son poulailler voire un clapier à lapins. Celui de ma famille n'a disparu qu'à la fin des années 1960 au profit d'un plus classique abri de jardin en béton.
On peut se fournir auprès de plusieurs fruitiers : Blanc, rue Saint-Léon, Dheur place de l'abattoir, Dupin, rue de Lunaret ; un marchand d'huile ancien chemin de Castelnau, M. Jean.
Au-delà du boire et du manger on trouve aussi de quoi s'éclairer et se chauffer. Il existe 4 fournisseurs de bougies et chandelles : Servel et Cadol, aux numéros 3 et 11 de la rue du faubourg Boutonnet, Ferrier, 6 rue du séminaire, Philip, 9 quai des tanneurs.
Pour se fournir en charbon de bois, il y a Soulas ainé au quai des tanneurs. Si l'on a besoin d'un charron, c'est chez Chiron 3 rue du séminaire qu'il faut aller, à moins de préférer son concurrent Martin rue de la Cavalerie. Pour des chiffons au détail, il y a Vignal au 114 rue du faubourg Boutonnet ou Reissent au 9 et 11 quai des tanneurs.
Pour se faire couper les cheveux, on a le choix entre "aller en ville" ou bien se rendre chez d'un des 4 coiffeurs parfumeurs recensés : rue du faubourg Boutonnet au 2 chez Roch, au 76 chez Crespy ou au 82 chez Domergue, chez Blaquière, rue des Récollets. Impossible en revanche pour une femme de se vêtir dans le quartier où aucune couturière ne tient boutique. C'est plus facile pour les hommes, chez le tailleur Daumas 8 rue du séminaire. Les travailleurs de la terre peuvent trouver des sabots chez Combacal, rue de Lunaret.
Quelques professions ne se trouvent dans le quartier que rue du faubourg Boutonnet : les deux cordonniers : Blanquier, 11 et Robert au 41, l'unique ébéniste, Périer, au numéro 2 ou encore les deux marchands de grains et farine, tous deux au 11 rue du faubourg Boutonnet. Encore que pour la cordonnerie, certains pères de famille font eux-mêmes, grâce aux compétences acquises au service militaire. Mon arrière-grand-père Maurice Montels était de ceux-là. Si vous n'aviez pas brillé dans ce domaine, un voisin complaisant pouvait vous dépanner, en échange de service, d'un verre de fine au "débit chinois" de la route de Nîmes ou de quelques sous. C'est ce que faisait par exemple le sieur Graille, qui habitait dans la maison Balestrier de la rue Canton en octobre 1887, quand ce cultivateur n'était pas au jardin, à la vigne ou au verger.
De façon plus anecdotique, la cité Lunaret abrite aussi Auquier, l'un des professeurs d'escrime de la ville et deux cochers de fiacre : Marty, rue de Villefranche et Roman, 17 rue du séminaire. On ne trouve guère de professions libérales, qui ont plutôt leurs bureaux dans le centre-ville. Un artiste musicien, M. Millet, réside rue Saint-Léon. Un sculpteur, M. Fournel, 5 du faubourg Boutonnet.
Formes en bois pour l'appropriage. La Chapellerie, Chazelles-sur-Lyon (Hélène Rival 2019, document sous license Wikimedia Commons) |
On trouve encore 2 rue du faubourg Boutonnet une des deux formières de la ville, la veuve Ricome, dont le métier consistait à sculpter des formes à chapeau, généralement en bois de tilleul. C'est sur ces formes que les modistes pouvaient confectionner les chapeaux.
La palme de l'insolite revient au skating rink rue de Villefranche. Il m'a fallu sortir le dictionnaire tellement cet anglicisme me laissait perplexe. Il s'agit d'une patinoire, tenue par M. Combes. C'est un mystère complet, les seules patinoires artificielles ouvertes à l'année n'ont été inventées en Angleterre qu'en 1876. S'agissait-il ici d'une activité saisonnière ? En tout cas elle ne figure plus dans l'annuaire de 1889.
Un poste de police de l'abattoir est cité par le quotidien L'Eclair en février 1885. Je n'ai pas réussi à le situer plus précisément.
Carmaran, marchand forain, rue de Lunaret. Si le rémouleur est un métier souvent ambulant, trois ont pignon sur rue dont Martin, rue de la Cavalerie. Peut-être le prédécesseur de la taillanderie Mazars, dont l'enseigne peinte est restée longtemps à pâlir sur la façade du 27bis rue de la Cavalerie jusqu'à un ravalement tout blanc il y a quelques années. On distingue le rémouleur qui s'occupe plutôt des lames domestiques du taillandier qui se consacre au tranchant des outils agricoles. Mieux vaut ne pas attendre la veille des vendanges pour faire affuter ses ciseaux à tailler la vigne.
La villa Alicot, une pension plutôt chic (carte postale sans date - collection de l'auteur) |
Si vous avez besoin de loger temporairement dans le quartier, il sera difficile de vous satisfaire. A moins que vous ne fassiez partie de la clientèle luxueuse de l'hôtel Nevet, qui se trouve sur la place de la Comédie à l'emplacement de l'actuel cinéma Gaumont, mais qui possède une annexe au calme rue du Pioch de Boutonnet, la villa Sainte-Christine. Plus modestement, Mme Constant tenait en 1885 une auberge rue de la Cavalerie, absente des annuaires de 1879 et 1889. Si vos moyens ne sont pas aussi luxueux mais que vous désirez un établissement plus bourgeoisement fréquenté, allez voir si la pension Alicot peut vous héberger.
Si en 1879 on voulait se faire bâtir une maison, tous les corps de métiers nécessaires étaient présents dans le quartier.
On trouvait plusieurs tailleurs de pierre : Bessède dans la cité Lunaret, Boullet place de l'abattoir, Malavialle rue des Récollets, Sache rue Ernest Castan. Il y a plus de choix du côté des entrepreneurs maçons : Roger au 5 de la rue du faubourg Boutonnet, dispose aussi d'une annexe au 62. En chemin entre ses deux locaux, il peut croiser ses concurrents Malet, 52 rue du faubourg Boutonnet et Bernard au 54, Fauquier au 102. Ailleurs dans le quartier, on peut s'adresser à Castel rue Canton, Gounel rue de l'abattoir, Moireau rue des Récollets, un autre Moireau rue Thérèse et Sérail rue de Villefranche.
Pour les charpentes en bois, on peut faire appel à Viala au 4 rue du faubourg Boutonnet ou à Combes au 46, à moins que l'on aille rue de la Cavalerie, chez Desmartis ou bien chez Perrin. Pour la menuiserie, on peut aller chez Boyer fils, 8 rue de la tuilerie, Crès, quai du Verdanson, Crouzet dans la cité Lunaret, Delporte, 80 rue du faubourg Boutonnet, Galibert, impasse de l'abattoir, ou encore chez Jany, rue Canton. Certains d'entre eux sont spécialisés, comme Jean Roger au 5 rue du faubourg Boutonnet, dont la réclame vante le mobilier d'église, les sculptures en tout genre et les parquets.
On trouve 5 serruriers, dont l'activité dépasse souvent les seules serrures : Bedos, rue de la Cavalerie, Clamous rue de Villefranche, Servent au 48, Hillaire, cité Lunaret. La publicité de Grès, 4 rue du faubourg Boutonnet, précise ses activités : outre les serrures, il propose des spécialités de portes en fer, rampes, balcons et... entourages de tombeaux.
Aucun plombier, il faut dire que la ville n'en compte que deux. Le temps de l'eau sur l'évier et de la salle de bains n'est pas encore venue.
L'un des trois marchands de sable de la ville, Séguinot, est à la Pierre-Rouge, sans qu'on puisse le localiser plus précisément (par hypothèse au 25 avenue Saint-Lazare où Dolores Etchevaria propose une carrière de sable en 1939).
Pour faire les plâtres Caumel, rue de Villefranche, Causse au 11 rue des Récollets, Dheur, rue Saint-Léon, ou encore Galliac.
Pour la décoration, un peintre en décor exerce 4 rue de la Cavalerie, M. Huet. Et quand vous en êtes à l'ameublement, le tapissier Brouzet vous accueille rue de Lunaret.
Les cultivateurs sont également recensés dans l'annuaire de 1879. Il est difficile de savoir quelle réalité professionnelle cela recouvre d'autant que les jardinier maraîchers sont recensés dans une autre rubrique. Ceci étant, dans ce quartier qui s'urbanise, ils sont encore nombreux. Et là encore, c'est la rue du faubourg Boutonnet qui se taille la part du lion avec 11 cultivateurs dans l'annuaire : sans numéro de rue Bauzeran et Couve, Mazet au 35, Daudé au 38, Marié au 57, Azéma au 70, Calimard au 84, Guy au 87, Crassous au 96, Ginoulhac au 104, Marc au 108. La deuxième concentration est dans la cité Lunaret où ils sont 7 : Cruez et Tuffon, rue Canton, Malaval et Mazas rue Henri, ainsi que Marcadier, Pagès et Vitou, rue Lunaret. 5 autres encore sont dispersés dans le quartier : Bélus 8 rue Belmont, Chassefière 3 rue Marie-Caizergues, Ganivet, 9 rue du séminaire et Laroche rue de Villefranche et enfin Mezoul impasse de l'abattoir.
Pour les jardiniers et maraichers, les adresses s'éloignent de la partie urbanisée du quartier et l'on trouve des artères où ne figurent guère d'autres professions : Arnaud, Aymard et Peret, ancien chemin de Castelnau, Barthez, Bot, Matthieu et Sube au faubourg Boutonnet, Bonniol rue des Récollets, Bourrillon rue de la Cavalerie, Estor 5 rue des Sourds-Muets, Mme Daudé rue de la Tuilerie, David 6 rue de la charité, Etienne, Laffont, Paloqui et Rozier route de Nîmes, Poujet 4 rue Saint Vincent-de-Paul.
Dans une époque où le transport dépend encore beaucoup de la traction animale, l'existence de fournisseurs de fourrage en ville n'a rien d'étonnant. Le quartier en comptait 2 : Aniel au 41 rue du faubourg Boutonnet et Bouchier dit cadet, rue des Récollets. Pour ferrer un cheval, on peut aller route de Nîmes, chez Babot. Et pour le tondre, chez le tondeur de chevaux Ségaud, ancien chemin de Castelnau. Si on a des besoins plus modernes, deux mécaniciens exercent dans le quartier : Boulet rue de la Cavalerie, et Triaire, rue Lunaret, mais on n'y trouvera pas encore d'automobile.
Propriétaires et rentiers ne sont pas nombreux dans un quartier plutôt populaire. Mais comme c'est la rubrique la plus étoffée de l'annuaire et que les fortunes sont très variables chez les rentiers, pas mal d'entre eux vivent dans le quartier. Aucun titre de noblesse, à peine une particule en passant, beaucoup de veuves et de demoiselles. A voir les maisons en question cent cinquante ans plus tard, pour celles qui subsistent, on voit bien qu'il ne s'agit pas pour la plupart de grandes fortunes. Certains rentiers vivent à la même adresse, dans des maisons divisées en appartements qui ne sont pas toutes d'un aspect cossu. Impossible et fastidieux cette fois de tous les citer.
Dans les prochains billets, j'aborderai quelques secteurs d'activité plus en détail.
L'ensemble des sources utilisées pour l'écriture de ce feuilleton, ainsi que les remerciements aux personnes qui ont bien voulu m'offrir leur aide, est détaillé ici.
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