Pierre-Rouge 67 : où étaient les cimetières "clandestins" des Protestants au XVIIIe siècle ?
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Caserne de Lauwe, emplacement présumé des tombes juives et protestantes (carte postale non circulée, vers 1950, collection de l'auteur) |
Le problème avec les sources secondaires, c'est que parfois elles affirment des choses ou font des allusions sans expliciter ni dire d'où cela vient. Même si je m'appuie sur elles, j'aime bien recouper les informations.
Lors de la conférence que j'ai donnée le 13 février dernier sur la cité scolaire Françoise-Combes, je suis passé rapidement sur la question du cimetière protestant clandestin de l'Enclos Farel, faute d'avoir pu creuser sur ce point des sources bien allusives à mon goût.
A la révocation de l'Edit de Nantes par Louis XIV, les protestants cessent d'avoir une existence légale en France. Puisqu'il n'y avait plus que des catholiques, soit ils se convertissaient au moins en apparence et avaient des obsèques catholiques, soit l'ensemble de leur vie devenait clandestine et leur enterrement avait lieu en cachette.
J'avais une théorie, selon laquelle la famille Farel avait sans doute enterré les morts de sa famille sur la propriété plutôt que d'y avoir ouvert un cimetière clandestin ouvert à tous les protestants, ce qui aurait été peu discret.
Après avoir écumé les bibliographies, j'ai fini par trouver le livre de Charles Delormeau, Le cimetière protestant de Montpellier, paru en 1963 mais introuvable sur le marché du livre d'occasion. J'ai donc opté pour le téléchargement d'une version pdf.
Il donne ensuite deux exemples de propriétaires fonciers qui permettaient à leur coreligionnaires de se faire enterrer sur leur propriété :
- Avant 1761, chez Moinier, ancien procureur à la Cour des Aides de Montpellier qui possédait à Boutonnet « un petit jardin dans lequel ledit Moinier permettait qu'on inhumât les protestants pour si peu qu'ils fussent connus, ce qui donna à ce jardin le nom de cimetière des protestants, nom qu'il conserve encore quoi que l'usage en ait cessé ». (Reg. Consist. 100., B, séance du 26 germinal an VII (15 avril 1799), f° 08 76-77)
- En 1783 : la bureau pour la gestion des deniers consacrés aux pauvres » de l'Eglise de Montpellier achète un terrain grâce à un prête-nom à Jean Raynard. Ce jardin avait servi à son frère Raynard aîné "pour la sépulture des Protestants de cette ville tant riches, pauvres qu'étrangers". Les protestants agissaient ainsi de crainte qu'en vendant à un tiers, celui-ci n'exhume les restes de leurs défunts (Liv. Bur. des pauv., 22 e t 29 avr., 27 mai, 1er juill. 1783 ; 9 et 14 sept. 1784). Ce jardin situé « hors la porte de la Blanquerie... près des Récolets » fut revendu en 1794 par le consistoire.
- Il cite enfin, le 25 mars 1788 l'enterrement de Farel, après l'édit de tolérance, mais sans préciser si d'autres enterrements ont eu lieu chez lui auparavant. Ce qui me fait douter du fait même.
Je cherchais une réponse et je me retrouve avec davantage de questions.
1- Sur quoi repose l'affirmation qu'il y a eu des enterrements protestants en dehors de la famille Farel dans son enclos avant 1788 ?
2- Où était le terrain de Monsieur Moinier ?
3- Où était exactement le jardin Raynard ?
Réponses à trouver avant de réécrire le passage en question...
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