Pierre-Rouge 32 : Les écoles publiques et les crèches du quartier
Le bas du Faubourg Boutonnet, la façade de l'école Condorcet est à gauche (carte non circulée - collection de l'auteur) |
Si les institutions religieuses ne manquaient pas pour prendre en charge les enfants des deux sexes à toutes les étapes de leur scolarité, le quartier compte aussi des structures laïques. Dès le 6 juin 1792, la municipalité révolutionnaire de Montpellier acceptait le principe de créer une école laïque au faubourg Boutonnet. J'ignore quel degré de réalisation connut ce projet précoce.
La situation de l'école de garçons en 1896, sur le plan de P A Kruger, architecte (Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France) |
C'est au bas de la rue du faubourg Boutonnet, au numéro 13, que se trouve l'école Condorcet. Ma mère pense que son père y a été écolier, ce qui est plausible mais impossible à prouver. J’ai consulté sans succès les archives municipales, qui ne conservent que quelques listes d’élèves, sans continuité. D'une manière générale, les archives des écoles sont très lacunaires. Mais chemin faisant, j'ai pu découvrir quelques aspects de la vie matérielle de l'école qui semble avoir toujours couru après la place. En revanche je n'ai pas trouvé les archives de sa construction et les suites du confinement ne m'ont pas permis pas d'aller aux archives municipales à l'été 2020. Ce qui suit appellerait donc sans doute de nombreux compléments.
Dans son état actuel, la façade historique de l'école Condorcet semble incomplète et un peu plate. Un rapide examen de la carte postale ancienne montre qu'elle comportait un fronton qui distinguait bien le pavillon central des deux courtes ailes latérales. J'ignore à quelle date ce fronton a disparu. L'entrée n'est plus utilisée en régime normal.
Entrée sur la rue Sainte-Lucie, le fléchage est celui du protocole sanitaire en vigueur à l'été 2020 (photo de l'auteur - juillet 2020) |
L'entrée principale se fait sur la rue Sainte-Lucie, où deux portes dans le mur d'enceinte donnent sur un préau.
Ecole d'application de l'école normale puis de l'IUFM, l'école Condorcet était, dans un cadre très classique, un lieu d'innovation pédagogique, qui bénéficiait du suivi attentif de l'Inspecteur d'académie. Pour les élèves, cela signifiait avoir souvent des stagiaires comme maîtres.
Le cadre classique, c'est cette architecture scolaire du XIXe siècle, sage, utilitaire mais non sans noblesse. C'est cette cour ombragée de quatre platanes à chaque coin de la cour. Les ajouts plus récents se font discrets.
En 1878, l'école scolarise déjà 205 élèves. Son directeur est M. Ganivenq et il dispose de 3 adjoints.
Le journal monarchiste L'Eclair déplore en 1882 qu'on y enlève les crucifix, y compris dans la salle des orphelins. Le directeur, M. Guibert en 1883, est souvent l'objet des insinuations de ce quotidien qui cherche tous les indices de mauvaise conduite chez les élèves de l'école "sans Dieu", et pour qui chanter la Marseillaise est un indice de décadence morale. En 1887, il y a 5 classes et le directeur a 4 adjoints à ses côtés.
L'annuaire du département de l'Hérault de 1889 la cite dans la liste des écoles de Montpellier. Il nous apprend qu'à cette date le directeur était M. Michel Antonin et qu'il avait 5 adjoints : MM Aussel, Cournut, Delpond, Reverdy et Vieux. En plus des six classes, l'école accueille des cours pour adultes et des classes manuelles. En décembre 1883, le conseil municipal avait voté le doublement des établis présents dans les ateliers de l'école.
En 1902, l'annuaire de l'Hérault présente le patronage laïque accueilli dans l'école. Il s'agit d'une garderie, qui accueille les enfants des deux sexes à partir de 6 ans le jeudi, le dimanche et pendant les vacances scolaires, de 8 heures à 11 heures et de 14 heures à 17 heures.
Ce n'est qu'en 1903 que l'école reçoit le nom de Condorcet, en même temps que les 27 autres écoles laïques de la ville. Ce n'est pas le nom proposé par son directeur qui souhaitait le nom de Lakanal. Mais la commission désignée par l'administration municipale lui préféra Condorcet "dont l'esprit et les idées, le rôle historique eurent beaucoup plus de grandeur", trouvant Lakanal "un peu surfait".
En 1932, il existait déjà un préau, puisque les services municipaux doivent le repeindre ainsi on que le garage à vélos, qui semble très utilisé. La circulation automobile ne devait pas être assez intense pour inquiéter les parents à une époque où aucune piste cyclable n'existait. Même si la population scolaire n'augmente que lentement pendant l'entre-deux-guerres, l'école est à l'étroit.
A la rentrée scolaire 1938, le directeur M. Arnal est assisté de 8 adjoints : MM Léon Blanquet, François Roubieu, Léon Alègre, Emile Mazel, Edmond Hortala, Raoul Bouys, Eugène Caujolle, Urbain Hermet
Juste avant la seconde guerre mondiale, l'architecte municipal Elie-Marcel Bernard produit un beau projet pour une nouvelle école à construire sur le terrain Despous, le long d'une voie à ouvrir à l'ouest de la croix de Boutonnet, là où plus tard la rue du colonel Pavelet a relié le carrefour l'avenue du Professeur Grasset. Le projet est abandonné. Il n'a été repris qu'après la guerre mais de l'autre côté de cette voie nouvelle, c'est l'actuelle école Charles Daviler.
Après guerre, les locaux vieillissent et la population scolaire qui augmente beaucoup plus vite avec le baby boom fait rechercher des solutions nouvelles. Juste après la guerre, l'école maternelle Jean de La Fontaine est ouverte 500 mètres plus à l'est sur le quai du Verdanson. Je n'ai pas retrouvé l'année d'ouverture mais l'élève la plus ancienne sur le site Copains d'avant dit avoir fréquenté cette école neuve en 1949. Une école maternelle La Fontaine existait en 1938 dans l'impasse de la petite Corraterie, sans doute dans des locaux voisins de l'école de filles Clémence Royer, et accueillait 136 élèves.
L'école maternelle Jean-de-La-Fontaine, rendue bien visible par la chute des feuilles (février 2021 - cliché de l'auteur) |
En 1950, des chutes de neige endommagent les plafonds, il faut reprendre les toitures. En 1954, il faut réparer la cour, la nettoyer après un bitumage suivi d’un sablage. Pour l'année scolaire 1955-1956, le maire de Montpellier ne sait plus comment répondre à la pénurie de locaux et l'école se tourne vers ses voisins : l’école voudrait occuper trois salles de l’ancien petit lycée. En janvier 1956, un peu en désespoir de cause, le maire de Montpellier demande au directeur de l'orphelinat Marie Caizergues s'il ne pourrait pas utiliser deux salles de classe inoccupées dans les murs de l'orphelinat. Mais en fait les salles de classes sont désormais utilisées comme salles d'études. Pour ne pas trop perturber les religieuses, seule la classe des garçons est finalement prêtée à l'école Condorcet.
En 1957, le départ de Mme Favé prive l'école de gardienne logée Dès l'été 1958, on aménage une salle de classe au 1er étage de l’ancienne conciergerie, le rez de chaussée étant aménagé en salle de travaux pratiques. Dans le bâtiment principal, il y a cinq classes en bas, cinq en haut.
En 1957, le départ de Mme Favé prive l'école de gardienne logée Dès l'été 1958, on aménage une salle de classe au 1er étage de l’ancienne conciergerie, le rez de chaussée étant aménagé en salle de travaux pratiques. Dans le bâtiment principal, il y a cinq classes en bas, cinq en haut.
Comme dans toutes les écoles, les journées étaient rythmées par la cloche. Pas une sonnerie numérique comme dans la quasi totalité des établissements scolaires aujourd'hui, mais une vraie cloche. Mélodie Rumeau Izoird se rappelle que les élèves se battaient "pour savoir qui aurait le privilège de sonner la cloche de fin de récré! ". Elle situe cette cloche, "dans la cour, à l'entrée d'un petit couloir menant au bureau de la directrice d'un côté et son appartement de fonction de l'autre côté." Quelques années avant le changement de statut des instituteurs devenus professeurs des écoles, il y avait encore des enseignants logés.
Bien entretenue et située, l'école Condorcet est toujours pleinement utilisée dans un contexte où la population scolaire continue à augmenter à Montpellier.
A l'automne 2005 est posée la première pierre d'une nouvelle école élémentaire. Conçue pour accueillir 5 classes, elle est située sur une voie nouvelle qui relie la rue de Substantion à la route de Nîmes : la rue Yehudi Menuhin. Elle fait face au bâtiment neuf qui accueille l'école des Beaux-arts après de nombreux déménagements. Cette école de quartier à taille humaine est vite remplie.
En 2017, les écoles maternelle Jean de La Fontaine et élémentaire Jules Verne sont saturées. Une partie des enfants doit être envoyée vers l'Aiguelongue, ce qui suscite colère et incompréhension de la part des parents d'élèves concernés. Ce problème récurent incite à la construction. En septembre 2020, Mickaël Delafosse, maire de Montpellier, a annoncé que les anciennes archives départementales n'accueilleraient pas les archives métropolitaines, comme le prévoyait son prédécesseur Philippe Saurel, mais un nouveau groupe scolaire. Il est amusant de voir qu'à un bon siècle de distance, l'école de la République s'installera à l'emplacement d'un ancien séminaire catholique.
Crèche Cléonice Pouzin, façade sur la rue Lunaret (photo de l'auteur - juillet 2020) |
Même avec l'extension récente de la scolarisation obligatoire dès l'âge de trois ans, il reste de la place en amont pour d'autres structures, comme les crèches et les haltes garderies. L'oeuvre des crèches est ancienne à Montpellier. En 1879, L'annuaire du département de l'Hérault précise qu'elle reçoit 2000 francs or de subvention, ce qui correspond à 18.000 journées de crèche. Les établissement ont été reconnus d'utilité publique en 1882. La crèche Cléonice Pouzin a été fondée le 28 septembre 1886 par la femme qui lui a laissé son nom, devenue la veuve Canac, au 64 de la rue Lunaret. En novembre 1887, la crèche est autorisée par le conseil municipal à recruter une 2e berceuse.
En 1889, la directrice est la veuve Galaud. En 1902, la crèche accueille 50 enfants tous les jours sous la direction de Mme Thier.
Le quartier accueille aussi dans l'ancienne Immaculée conception une structure mixte, le multi-accueil Pinocchio - l'île-aux-trésors. Mais une autre crèche possède une dimension historique : la crèche Cléonice Pouzin est l’une des plus anciennes de Montpellier. Elle est signalée au 64 rue de Lunaret en 1939 d’après l’annuaire du département de l’Hérault, mais on trouve en 1906 un rapport de l'Inspectrice générale de l'Assistance de l'hygiène publique qui la trouve "bien située, un peu éloignée du centre de la ville et en bon air". A quelques dizaines de mètres des abattoirs, cette affirmation ne manque pas d'étonner.
En décembre 1923, une circulaire ministérielle fait évoluer le cadre règlementaire des crèches, dont l'essentiel n'avais pas changé depuis 1886. Quelques jours plus tard, le maire de Montpellier adopte un nouveau règlement pour les crèches afin de s'y conformer. Leur objet dit l'esprit de l'époque : "La crèche a pour objet de garder les enfants bien portants en bas-âge pendant les heures de travail de leur mère". L'article 4 insiste même fortement en restreignant le public aux enfants "dont les mères sont obligées de travailler en dehors du domicile". C'est un certificat de l'employeur qui doit le prouver.
La crèche est de plus gratuite. Elle est donc destinée au milieu social le plus modeste, le travail salarié des femmes n'étant pas alors, à l'exception de quelques professions, considéré comme émancipateur : c'est une contrainte économique et pour les femmes de la petite bourgeoisie, ce serait déchoir. La femme de facteur qu'était mon arrière-grand-mère Lili ne pensait pas autrement.
Il ne viendrait même pas à l'esprit des rédacteurs du règlement qu'un père puisse être concerné. Plus moderne est le point de vue qui ne fait aucune discrimination entre les enfants, accueillis "légitimes ou non, sans distinction de sexe, de culte ou de nationalité, depuis l'âge de quinze jours jusqu'à trois ans accomplis".
L'amplitude d'ouverture est importante : de sept heures et demie du matin à six heures du soir, six jours par semaine, le samedi étant un jour ouvré comme les autres, à part pour ceux qui avaient déjà l'avantage de faire "la semaine anglaise" sans travailler le samedi après-midi donc. L'enfant ne peut pas arriver après neuf heures du matin sous peine d'être refusé. Lorsqu'il entre dans la crèche, il est débarrassé de tout vêtement extérieur et on lui passe un tablier qui porte son numéro matricule à la crèche.
Les journées sont rythmées par le sommeil, les repas et les jeux. Le règlement est totalement muet sur ce point, qui doit faire l'objet d'autres instructions.
Car le sujet qui occupe la majeure partie du règlement municipal, c'est l'hygiène. C'est essentiel à une époque où les maladies infantiles sont encore difficiles à soigner et même encore souvent mortelles. La peur de la contagion est partout et on la conjure par un mélange exigeant d'hygiène pasteurienne et d'habitudes aéristes. Lorsque le chauffage est allumé l'hiver, la température intérieure doit respecter strictement une fourchette comprise entre 16 et 16 degrés. L'ensemble des locaux doit être aéré chaque nuit.
Les autorités municipales sont très attentives à la santé des enfants accueillis, qui doivent avoir des vaccinations à jour, un certificat médical à l'entrée et un nouveau certificat à chaque absence. Si l'enfant est présenté sale, l'accès lui est refusé. Les mères ne peuvent pas pénétrer à l'intérieur des locaux, sauf lors de l'inscription pour une visite. Les affaires de chaque enfant lui sont strictement personnelles (mouchoir, gant de toilette, brosse...) et sont rangées dans un casier à son nom. Aucun objet non stérilisable n'est autorisé, y compris les sucettes et les bonbons. Les enfants sont pesés une fois par semaine par une directrice qui doit aussi obéir à des règles très strictes. Il lui est notamment interdit de posséder des animaux domestiques, y compris à son domicile personnel. Deux fois par semaine au minimum, le médecin inspecteur du bureau d'hygiène municipal visite la crèche et porte ses observations dans un registre et le cas échéant sur les fiches individuelles des enfants.
Le personnel de la crèche est dirigé par une directrice, qui encadre des employées appelées "berceuses". Toutes portent un uniforme constitué d'une blouse et d'une coiffe blanche semblables à celles des infirmières. Les relations particulières entre les mères et les berceuses sont mal vues et il est rigoureusement interdit aux mères de donner de l'argent ou de faire des cadeaux aux berceuses. Les berceuses "doivent être polies et obligeantes envers les mères ; traiter tous les enfants avec les mêmes égards, se montrer avec eux de la plus grande douceur et pourvoir à leurs besoins d'une façon toute maternelle et comme s'ils étaient leurs propres enfants." On demande également aux berceuses de proscrire toute expression grossière ou parole inconvenante. On leur accorde deux heures de pause déjeuner, par roulement afin qu'entre midi et une heure, il reste la moitié de leur effectif dans la crèche. Ce sont les berceuses qui à tour de rôle allument et chargent le poêle en hiver. Ce sont elles toutes ensemble qui font le ménage le soir ; elles ne peuvent quitter la crèche qu'une fois que la directrice s'est déclarée satisfaite du travail accompli. En 1939, la directrice est Mme Jean Malbec.
La crèche Cléonice Pouzin est toujours en activité dans ce quartier qui a tant changé, mais les règles de fonctionnement ont dû beaucoup évoluer elles aussi.
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