Mes ancêtres dans la Grande guerre 9 : Miquel, Joseph et François, les oncles Montels

Il arrive souvent dans une généalogie que l'on trouve des oncles ou des tantes restés sans descendance. J'ai peu de cousins proches du côté maternel : ma mère est fille unique, son père l'était, son grand-père Maurice Montels l'était aussi. A la génération précédente, ils sont six, quatre garçons et deux filles. Mon arrière arrière grand-père Xavier est le seul homme à avoir eu une descendance.



Peut-être serai-je oncle un jour, j'aimerais bien. Que serai-je d'ici quelques dizaines d'années dans la mémoire des descendants de mon frère ou de ma soeur ? Sans doute un personnage bien secondaire. C'est parce que je m'identifie un peu à eux que j'aime bien travailler sur les frères et soeurs sans descendance de mes ancêtres. Voici donc, au prétexte de cette série sur la Grande guerre, un post sur les frères de Xavier Montels.

Le service militaire est une occasion de photographie pour la fratrie Montels, j'ai donc des photos de Xavier, Miquel et François Amédée en soldat.

Le destin de Miquel, variante occitane de Michel, m'est bien connu, parce qu'il est très parallèle à celui de mon arrière arrière-grand-père Xavier. Ils ont travaillé ensemble pendant de longues années au domaine de Rochet. Miquel est né le 29 septembre 1866 dans la maison de Saint-Amans-de-Varès. L'image même du vieux garçon dans le peu que la mémoire familiale a transmis de lui, solitaire et pas bavard. Le voici en soldat à l'époque de son service militaire.

Miquel a évité à un an près toute participation au conflit de 1914-1918. En effet, la classe appelée la plus ancienne était celle de 1887, un an plus jeune que la sienne, et encore ne s'agissait-il que de la réserve de l'armée territoriale.

Miquel a fait son service militaire de novembre 1887 à septembre 1890 au 86e régiment d'infanterie, stationné à Mende. Il a fait un stage en octobre et novembre 1888 au 19e régiment de dragons.

Peu après la fin de son service militaire, il part pour l'Hérault, comme le feront plus tard de façon transitoire ses deux soeurs, et de façon plus durable, son frère Xavier. Miquel est très mobile en fonction des emplois qu'il occupe. En avril 1891, le voici d'abord au Grau-du-Roi, à la "ferme de Madame". En juillet 1893, il est à Gigean, chez un M. Labène, puis en mai 1894, dans le centre de Montpellier, 13 rue Sébastien Bourdon. En janvier 1895, il est à Lunel, au mas Desfer, puis en décembre 1896, de retour au centre de Montpellier, au 18 rue du Courreau. En avril 1898, le voici à Mauguio, au mas Delon. Il se stabilise enfin en novembre 1899 à Castelnau-le-Lez, au domaine de Rochet. Xavier l'y rejoint quelques années plus tard. Miquel y restera toute sa vie active.

A l'été 1935, une réunion de famille est organisée chez Xavier Montels à Castelnau-le-Lez, à l'occasion de la visite de François Amédée Montels et de son épouse Marie Delouis. Avec leur appareil tout neuf, mes arrière grands-parents ont pris plusieurs photos de l'événement, dont celle-ci :

De gauche à droite, en haut : Marie Frayssignes, épouse de Xavier Montels, Marie Delouis, épouse de François Montels, Raoul Montels et sa grand-mère maternelle Marie Bibal, veuve Lubac
en bas : Xavier Montels, Emilie Lubac, épouse de Maurice Montels, François Amédée Montels et Miquel Montels

Miquel est décédé le 19 décembre 1951 chez son neveu Maurice à Montpellier. Il est inhumé avec son frère Xavier au cimetière Saint-Lazare de Montpellier.

François Amédée est le plus jeune fils de la fratrie. Il est né le 23 octobre 1877 à Saint-Amans de Varès. François porte le prénom d'un père dont les enfants ne parlaient pas. J'ignore ce que ses enfant reprochaient à François Montels (1834-1892) mais ils ne chérissaient que la mémoire de leur mère Marie née Bessodes (1844-1930). Dans le petit cimetière de Saint-Amans de Varès, malgré des péripéties macabres dans les années 1990, la tombe de Marie Bessodes existe toujours, en pleine terre avec François Amédée, sa femme, et Joseph. Plus aucune inscription ne rappelle le souvenir de François Montels. Est-il seulement au même endroit ?

François Amédée Montels fait son service militaire au 10e régiment de cuirassiers à partir de novembre 1898. Il devient cuirassier de première classe en décembre 1900 et finit son service en septembre 1901. Affecté au génie après son service militaire, il y effectue trois périodes d'un mois en 1904, un mois 1907 et quelques jours à l'automne 1913. A la mobilisation générale du 3 août 1914, il est affecté au 6e bataillon territorial du génie. Jusqu'en février 1917, il est dans la zone de l'Intérieur, relativement à l'abri. En février 1917, il est dit "aux armées", donc cette fois dans une zone de combats. En mars 1919, il est affecté au 19e régiment du train, avec la mention "auto".

Parmi les descendants de François Montels, seul un pouvait se permettre de rester au pays, l'aîné, Joseph. Tous les autres devaient aller chercher du travail, d'abord à proximité (tous les garçons ont été bergers à l'adolescence), puis, après le service militaire, plus loin. Deux pôles d'attraction existaient : Paris et sa banlieue, Montpellier et la plaine viticole de l'Hérault. Miquel et Xavier ont choisi la plaine. François a choisi Paris. Après leur mariage, Marie et Sophie suivent aussi leur mari respectif en région parisienne. Un seul d'entre eux a été, un temps, marchand de vin, il s'agit de Joseph Solignac, l'époux de Marie. Si un trait commun se dessine chez les Montels, c'est plutôt les moyens de locomotion. Avant de se reconvertir dans la vigne avec Miquel, Xavier est cocher. Son fils Maurice a pour premier métier celui de chauffeur mécanicien. François Amédée est chauffeur avant guerre, comme l'atteste un acte de mariage à Levallois Perret en 1912 où il est déclaré sous cette profession. Après la guerre, il est chauffeur de taxi. Le métier de taxi à l'époque où François Amédée Montels l'exerçait était bien différent d'aujourd'hui. En effet, c'est seulement suite aux grèves de 1935 et 1936 que le nombre des taxis parisiens est limité et les tarifs réglementés. Auparavant, les clients des 32.000 taxis négociaient les prix. François s'est marié tardivement en 1927, avec une femme trop âgée pour avoir des enfants.

Reste Joseph. Lui c'est un mystère. Aucune photo conservée ni par ma branche ni par ma cousine descendant de Marie Montels. Pas de fiche matricule. Et une curieuse légende familiale qui circule. A la fin de l'adolescence, Joseph aurait fait une cour empressée à la fille d'un voisin plus fortuné qui voyait cette amourette d'un très mauvais oeil. Aidé de ses deux fils et d'instruments d'habitude utilisés pour les porcelets ou les veaux, le vindicatif Papa aurait mis une fin sanglante et définitive à la virilité de Joseph. Ce qui expliquerait son célibat et une inaptitude définitive en conseil de révision. Laquelle reste à prouver en allant au-delà des fiches matricules, si les archives du conseil de révision sont conservées à Mende. Trop âgé, Joseph n'aurait de toute façon pas été mobilisé en 1914. 

Commentaires

  1. Voici une passionante histoire familiale début 20ème qui m'a rappelé celle de ma propre famille ARNAL/ARGELIES millavoise ... d'un autre ordre, mais tout aussi intéressante ... votre blog va peut-être me décider à la relater un jour sur le net ... sincèrement à vous, Nadine Loretz-Eyraud

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Articles les plus consultés