Pierre-Rouge 22 : du jardin Massillan au couvent Saint-Antoine
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Le long du tracé de l’ancien chemin de Castelnau établi en 1664, le compoix désigne en face des Récollets deux grandes parcelles comme le jardin Massillian, au milieu desquelles il y avait une maison disparue depuis longtemps. Au XVIIIe siècle, à l’époque de sa plus grande étendue, il figure, dans la chronique anonyme de 1768 citée par Xavier Azéma, parmi les jardins d’agrément remarquables de Montpellier. Au milieu du XIXe siècle, ces terrains sont la propriété de M. Alicot, qui en cède une partie à l’œuvre de la Charité. Au début du XXe siècle, une partie de la propriété est lotie et plusieurs villas y sont construites, dont la villa dite Alicot, j’y reviendrai dans un billet dédié à son plus célèbre occupant, l’écrivain britannique Richard Aldington, biographe de Lawrence d’Arabie.
Archives de la ville de Montpellier ii 155, plan de parties du tènement de Villefranque les Augustins
(détail - photo prise par l'auteur)
Le long du tracé de l’ancien chemin de Castelnau établi en 1664, le compoix désigne en face des Récollets deux grandes parcelles comme le jardin Massillian, au milieu desquelles il y avait une maison disparue depuis longtemps. Au XVIIIe siècle, à l’époque de sa plus grande étendue, il figure, dans la chronique anonyme de 1768 citée par Xavier Azéma, parmi les jardins d’agrément remarquables de Montpellier. Au milieu du XIXe siècle, ces terrains sont la propriété de M. Alicot, qui en cède une partie à l’œuvre de la Charité. Au début du XXe siècle, une partie de la propriété est lotie et plusieurs villas y sont construites, dont la villa dite Alicot, j’y reviendrai dans un billet dédié à son plus célèbre occupant, l’écrivain britannique Richard Aldington, biographe de Lawrence d’Arabie.
Villa Alicot, vue du parc correspondant à une partie de l'ancien jardin Massillan (carte postale circulée en 1912, collection personnelle) |
Parmi les ordres réformés au sein de la famille franciscaine, j'ai déjà évoqué les Récollets. Les Capucins, désignés ainsi du fait de leur capuche, en sont un autre exemple. Apparus en 1525 en Italie, ces frères portent traditionnellement une longue barbe et laissent leur pieds nus dans leurs sandales. Dédiés au service des plus pauvres, les Capucins s'illustrèrent notamment dans les soins aux pestiférés. L'abbé Pierre en est sans doute la figure la plus célèbre en France à une époque récente, même s'il s'éloigna de l'ordre après quelques années.
Le couvent Saint-Antoine occupait l'ancien jardin de la propriété Alicot, ici sur le plan de la ville dressé par P A Kruger architecte en 1896 (Gallica BNF) |
Les Capucins se sont installés une première fois à Montpellier en 1609, leur ancien couvent était à l'emplacement de l'actuelle place du marché aux fleurs. Chassés par la Révolution, ils reviennent avec la Restauration, mais de nouvelles expulsions ont lieu en 1880 et 1903. Les carmes étaient précédemment installés dans le domaine « Saint Léon » vers 1880, propriété des pères Carmes expropriée au moment de la séparation des Eglises et de l’Etat. Cette propriété rachetée en 1913 par le père Secondy, vicaire de la paroisse Saint-Matthieu qui en fait bénéficier les capucins (église Saint-Léon). Mais les locaux sur rue, sans vrai jardin, ne permettent pas aux capucins de bénéficier du climat de silence, de recueillement et de repos qu'ils veulent offrir à leurs frères. En effet, les capucins voudraient que leur maison de Montpellier accueillent leurs missionnaires malades ou ayant besoin de repos.
Dans l'ancien jardin Massillian, ils font construire un couvent modeste dont la première pierre est bénie en 1934. Je n'ai malheureusement pu en acquérir qu'un seul cliché
On peut facilement consulter d'autres images en cliquant sur les liens du paragraphe suivant, qui renvoient aux photos de l'inventaire général.
Les plans du couvert Saint-Antoine étaient dus au cabinet d’architectes Julien et Pierre Boudes. Un quart de siècle après la chapelle de l'Enclos Saint-François, Julien Boudes est ici très loin du néogothique, plus proche de ce style "faux moderne" employé par le même cabinet pour l'église Sainte-Thérèse. Les Boudes construisent ici des bâtiments d’habitation en équerre, une chapelle d’une magnifique sobriété, toute en voutes douces, sans référence à un style historique et un cloître modeste aux solides colonnes de béton.
Les plans du couvert Saint-Antoine étaient dus au cabinet d’architectes Julien et Pierre Boudes. Un quart de siècle après la chapelle de l'Enclos Saint-François, Julien Boudes est ici très loin du néogothique, plus proche de ce style "faux moderne" employé par le même cabinet pour l'église Sainte-Thérèse. Les Boudes construisent ici des bâtiments d’habitation en équerre, une chapelle d’une magnifique sobriété, toute en voutes douces, sans référence à un style historique et un cloître modeste aux solides colonnes de béton.
Le père Aloys, s'y installe en 1935 avec une dizaines d'autres frères. Je le cite notamment car il est le biographe du père Emprin, en bon voisin de l'Oeuvre de la Charité. Il y accueille comme prévu les Capucins missionnaires d'Ethiopie, dont Mgr Jarosseau, évêque de Djibouti et précepteur d'Haïlé Sélassié, le futur Négus. Après 1938 et la conquête militaire de l'Ethiopie par l'Italie fasciste, les frères se tournent vers le Tchad et la Centrafrique, où ils sont encore représentés aujourd'hui.
Les Capucins ont quitté Montpellier en 1982 et leur couvent a été détruit en 1983. Ils sont revenus à Montpellier pendant quelques années, de 1998 à 2016, dont les cinq dernières années à La Paillade où ils ont assuré une présence paroissiale.
Square Camille Ernst, à l'arrière-plan la chapelle des Récollets - février 2019 (collection personnelle) |
Sur l'emplacement de l'ancien couvent Saint-Antoine se trouvent aujourd’hui la résidence Jean-Sébastien Bach et le square Camille Ernst. Le quartier est longtemps resté très pauvre en espaces verts. Le square Camille Ernst a été ouvert au public en 2010, à l’angle de l’avenue de Castelnau et de la rue du 81erégiment d’infanterie. Dédié à un résistant déporté, c’est un ancien jardin privé détaché de la parcelle où fut construite la résidence voisine.
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